Guillotine

Badinter a aboli la peine de mort en 81, à quand son abolition dans les quartiers ?

Le 18 septembre 1981, quelques mois après l’élection de François MITTERRAND, par 363 voix contre 117, l’Assemblée nationale adopte le projet de loi portant abolition de la peine de mort. Celle-ci est saluée comme une avancée notable en matière des droits humains, les comités contre la peine de mort disparaissent dans la joie et l’allégresse. La France en a, donc, fini avec cette violence ultime et souhaite ainsi tourner la page de cette sombre page de son histoire.

Après de trop nombreuses sentences prononcées, le ciel semble enfin, vouloir s’éclaircir en cette fin d’été 81, chacun y va de son envolée lyrique, de sa petite phrase, chacun se gargarise de ce grand pas de la France en faveur des droits humains. Nul, à l’époque ne tarit d’éloges en faveur de Robert BADINTER, alors Garde des Sceaux.

Pourtant, plus de trente ans après l’abolition de la peine de mort, la faux continue inlassablement son œuvre macabre, en prenant soin de sélectionner méticuleusement ses victimes. Malik OUSSEKINE, Aïssa IHICH, Sydney MAMOKA, Abdelkader BOUZIANE, Abou Bakari TANDIA, Mohammed BOUKROUROU, Lamine DIENG, Ali ZIRI, Zyed BENNA, Bouna TRAORE, Mouhsin SEHHOULI, Lakhami SAMOURA, Abdelhakim AJIMI, Wissame El YAMNI, Abdelillah EL JABRI et tant d’autres encore, tombent face à une police qui tue.

Alors que jusqu’ici l’Etat arrachait la vie en utilisant une guillotine, ces victimes auront droit à une asphyxie mécanique, comme aime à le préciser les rapports d’expertise médico-légal, à une mort par arme à feu, à des coups portés avec acharnement, ou encore en utilisant un véhicule… Pour les noirs et les arabes, c’est, donc, une mort plurielle et sans jugement qui les attends !!!

Non content d’avoir ôté la vie, l’Etat au travers de sa police et de ses ministres, ajoutent l’infâme à la douleur infligée aux familles des victimes. Chaque victime de ces crimes policiers, sera diffamée, insultée, trainée dans la boue. L’Etat, avide, ne se contentera pas d’une mort violente d’un enfant ou d’un septuagénaire, il faudra également salir sa mémoire !!!

Samedi 14 Janvier, une plaque commémorative a été dévoilée à Argenteuil, en mémoire de M. Ali ZIRI, ce chibani de 69 ans mort suite à une interpellation de la police le 9 juin 2009. La semaine dernière a eu lieu « le procès » des 7 policiers mis en examen dans la mort d’Abdelhakim AJIMI, étranglé en 2008 devant 18 témoins à GRASSE dans les bouches du Rhône. Wissam el Yamni à Clermont-Ferrand et Abdelilah el Jabri à Aulnay Sous Bois, nous ont également quitté ce mois, paix à leurs âmes.

La justice de son côté, ne parvient pas, non plus, à franchir le périphérique et à chaque fois, les auteurs de ces crimes sont, soit condamnés à des peines avec sursis, soit purement et simplement relaxés. Alors que les familles ont été dignes malgré leur profonde douleur, alors qu’elles ont perdu un être cher, elles n’ont eu de cesse de se comporter de manière exemplaire en demandant simplement justice. Ainsi, on peut parler d’un système qui tue puis exonère ces criminels en uniforme de toutes sanctions, et ce n’est pas des organisations parties-prenantes comme l’IGS qui nous fera changer d’avis.

La police continue donc à tuer dans les quartiers et la Justice continue d’ignorer ces crimes. Jusqu’à quand allons-nous tolérer que des criminels puissent en toute impunité, arracher la vie de nos frères, de nos enfants, de nos parents ? Jusqu’à quand allons-nous accepter que la Justice rende ces décisions iniques qui exonèrent systématiquement la police de ces crimes odieux?

Nous sommes bien en 2012 et 31 longues années se sont écoulées depuis l’abolition de la peine de mort, malheureusement les habitants des quartiers attendent toujours !!!!

Abdelkrim Aïchi, porte-parole du PIR

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