Leni Riefenstahlisme

« Aïcha » sur France 2 : Les pires clichés sur la banlieue par Yamina Benguigui

A quoi sert le rapport Sabeg et notamment ses incantations pour plus d’actions positives dans les médias si « Sabegaye » toujours autant question lutte contre les représentations négatives à France Télévisions. Mercredi soir, la 2e chaîne publique nous a servi « Aïcha », un téléfilm signé Yamina Benguigui. Sans doute au titre du PAPI (Plan d’Action Positif pour l’Intégration de France Télévisions) ou d’on ne sait quelle pseudo-politique publique censée améliorer l’image des minorités visibles. Alors, franchement, est-ce vraiment avec ce type de navet truffé de stéréotypes qu’on va changer les choses ? De grâce, nous (les minorités) préférons rester dans l’anonymat que d’être exhibés de la sorte. Ce qui nous importe c’est bien le fond des programmes. Et pour cette question si importante de faire évoluer les mentalités on est en train de nous prendre pour des imbéciles, faut pas trop pousser PAPI dans les orties, on connait cette vieille recette : on change la bobine de la réalisatrice mais pas la bobine du film.

Je ne sais pas si vous avez pu voir mercredi soir le téléfilm « Aïcha » un exemple caricatural de ce qu’on appelle la diversité cosmétique. Si cosmétique qu’à force d’être maquillée, fardée, retapée, la farce devient grossière. Et le hic, c’est qu’aujourd’hui la ficelle est trop grosse, les enfants des OS et manœuvres du bâtiment ont désormais l’œil affuté. Ils sont décidé de ne plus courber l’échine devant leur poste de télévision. Ils sont bien conscients que de même que certains « Arabes ou Noirs de service » jouent les alibis sur des listes politiques, dans le monde des média, on procède d’un casting semblable pour faire exécuter la sale besogne : donner une mauvaise image des immigrés en faisant produire les stéréotypes par une diversité choisie. C’est pratique, on n’a pas besoin de se salir les mains et c’est encore plus plausible : vous voyez ce sont eux-mêmes qui le disent donc c’est vrai !

Le pire c’est quand il y a cumul de mandats. La réalisatrice Yamina Benguigui fait partie des ces cumulards depuis les dernières municipales. Fallait-il forcément, dans son cas précis, y voir le double effet qui coule l’image des habitants des cités ? Logiquement non, car la réalisatrice de « Mémoire d’immigrés » est plutôt connue pour des documentaires qui auraient valorisé l’image des immigrés ou défendu les luttes de leurs descendants. Alors est-ce la fiction qui ne réussit pas à Mme Benguigui ? Très certainement ! Et de mémoire de stigmatisés ont aura rarement subi un film qui réunit autant de clichés déguelasses sur les habitants des cités. Tout y passe : les Maghrébins sont sexistes, violents et bien évidemment intégristes, menteurs, homophobes… et j’en oublie. Les femmes passent leur temps dans les hamams, sont hystériques… Sauf ! Vous l’aurez deviné… la beurette et oui elle-même en personne, l’inusable, celle qu’on ressort régulièrement, même si c’est la même rengaine, du déjà vu, du réchauffé. Comme personne ne se plaint pourquoi se priver ! On nous la ressort à chaque fois l’inoxydable, l’inusable beurette ! L’Aïcha de service (en plus c’est son prénom dans le film). Bien évidemment, comme toujours, la beurette est une magnifique plante exotique et sa mission consiste, comme à chaque fois, de sortir du joug de sa famille barbare en allant se faire intégrer… comme le veut le happy end républicain. La beurette est jalousée par toutes les autres stars, car elle n’a pas pris une ride, elle est si jolie au moins chez elle c’est naturel, pas besoin de lifting… ni pour l’actrice (cette fois ci jouée par la belle Sofia Essaïdi) ni pour ce type de scénarios éculés vus et revus 36 000 fois. D’où surdoses et grosse indignation ici à Marseille et un peu partout en France après la diffusion de cet énième remake d’« Aïcha » la beurette. Seule nouveauté au scénario : le mariage temporaire. Comme le mariage arrangé ne suffit plus alors on crée encore plus de sensationnel. Pour le coup, là, c’est pas du revu, il s’agit d’une véritable création estampillée Elemiah productions : le mariage temporaire en banlieue. Pour comprendre il faut voir Bourdin qui s’est rendu compte d’une chose avec Sarko, la plupart des Français ne connaissent rien aux musulmans : (youtube.com) personne ne criera à la supercherie à 20h35, peu de téléspectateurs comme leur président feront la différence entre un sunnite et un chiite. Le rite iranien passera pour un usage des banlieues. Tant pis si la majorité des musulmans sont sunnites d’Afrique ou du Maghreb. Seul le sentiment d’indignation que l’on peut ressentir contre ces salauds d’intégristes, menteurs et abuseurs qui prime. Devant tant d’inepties aux relents nauséabonds les commentaires vont bon train à Marseille. Je cite texto : mais « c’est de la merde en barre ce film », « C’est n’importe quoi », « C’est quoi ce film raciste c’est réalisé par un militant du FN » ? Partout le même son de cloche, que l’on discute avec des habitants des cités des quartiers nords ou qu’on déjeune avec les élites « beurgeoise » ou noires des quartiers suds. Yamina Benguigui a-t-elle pété un câble ? Pourquoi donc a-t-elle commis ce film ou plus exactement cet inventaire de clichés à la beauf Robert sur les Noirs, les musulmans, les Arabes, les jeunes des cités… Rien n’a été épargné ! Sauf peut-être le mouton qui était installé pour la scène de la baignoire mais qui s’est fait couper au montage, s’amuse ironiquement un autre commentateur : « Tu comprends quand on est adjointe à Delanoé copier du Sarko ça le fait pas ! » Au fait, vous savez quelle délégation porte Yamina Benguigui à la ville de Paris ? La lutte contre les discriminations !

Omar Seiller

SOURCE : Med’in Marseille

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