Tocardise

Abdennour Bidar : peau blanche, masque noir

Pour moi, jusque là, Bidar n’était qu’un guignol télévisuel parmi d’autres. Lorsque je voyais sa tête de bouffon à la télé, je me contentais de sortir de mauvaises blagues du type bidar-connard ou bidar au bidet.

Mais en fait non, c’est bien pire que ça Bidar. Son oeuvre est en réalité comme une vermine, une gangrène – ou plutôt un cancer qu’on aurait d’abord pris pour une petite infection sans importance, mais qui mine de rien, profitant de moments de faiblesse où le système immunitaire est harcelé de toutes parts, accède sournoisement à d’autres organes pour les anéantir.

Alors qu’en ce moment les Arabes, les Musulmans, les immigrés et les pro-Palestiniens passent tous pour des assassins d’enfants, le professeur Bidar ressent le besoin de venir nous expliquer dans une tribune du journal Le Monde (http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/03/23/un-monstre-issu-de-la-maladie-de-l-islam_1674747_3232.html) que tout ça c’est à cause que la religion islamique est une religion, que sa sacralité est sacralisée…etc et que tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se brise.

Reprochant à l’islam sa religiosité, aux sociétés islamiques de ne pas hâter leur désenchantement du monde, ce qui est en cause dans ce texte immonde, c’est tout l’islam, toutes les sociétés se référant à cette religion, tous les musulmans refusant ce que le professeur appelle pompeusement sa « refondation » – signifiant, si l’on suit son propos ahurissant, la destruction pure et simple de cette religion: qu’en resterait-il si elle se débarrassait comme le monsieur le lui demande, de ses fondements dogmatiques principaux ? Et tout ça pour quoi faire ? Valider sa thèse débile.
Car selon lui, tenez-vous bien, Merah est « un monstre issu de la maladie de l’islam »:

« la culture islamique est depuis plusieurs siècles enfermée dans ses certitudes, enfermée dans la conviction mortifère de sa « vérité ». Elle est incapable d’autocritique. Elle considère de façon paranoïaque que toute remise en cause de ses dogmes est un sacrilège. Coran, Prophète, ramadan, halal, etc. »

Donc si on le suit bien, il reproche à cette religion de croire en une « vérité », cela serait en soi « mortifère », et de considérer cette vérité comme absolue, de la sacraliser; cela suffit à le faire parler de « paranoïa » lorsque ses adhérents refusent de remettre en cause les dogmes centraux que sont le Coran ou le message du Prophète. Peut-être le professeur oublie-t-il de se garder de ce qu’il est censé enseigner à ses élèves: ne pas extrapoler ! Mais surtout, croire en une vérité, y tenir, avoir des dogmes..n’est-ce pas le propre d’une religion ? Et pas que des religions d’ailleurs… Que ne va-t-il remettre en cause d’autres dogmes, d’autres idéologies causant aujourd’hui certainement bien plus de mal ? Et en quoi cette adhésion minimale que constitue la simple croyance en des dogmes fondamentaux peut-elle avoir un quelconque lien avec les actes de Mohamed Merah ?

Le monsieur répond. Il y a un lien…parce qu’…il y a un lien, nous dit-il en substance:

« Comment s’étonner que dans ce climat général de civilisation, figé et schizophrène, quelques esprits malades transforment et radicalisent cette fermeture collective en fanatisme meurtrier ? »

Notons déjà, que le fait de tenir à la vérité d’un dogme comme le Coran suffit à faire de nous des « paranoïaques »et des « schizophrènes » ! Mais surtout, ça fait du moindre croyant le complice du « fanatisme meurtrier » dans la mesure où celui-ci découle du premier…Quelle démonstration !

Évidemment, en soi, personne ne dénie à ce monsieur le droit d’exprimer son point de vue – même très inintéressant – sur la religion ou l’irréligion, libre à lui bien sûr d’être conformiste et affreusement prévisible, dans l’air du temps et soumis à l’ordre établi si ça lui chante. Ses airs laissant penser qu’il découvre l’eau tiède, que c’est vachement nouveau, original, courageux sont non seulement ridicules et présomptueux, mais ils constituent en outre une insulte à ce que l’histoire des idées a produit de meilleur en matière de réflexion sur la religion. D’ailleurs, disons-le, les Musulmans n’ont pas attendu cet obscur trissotin pour adopter et théoriser depuis plus d’un millénaire toutes sortes de positionnements possibles et imaginables sur le sacré et le profane, le divin et le temporel. Tout ce que l’esprit humain peut imaginer en la matière a déjà été pensé, écrit et appliqué dans les faits depuis des siècles par des millions de Musulmans – pour qui ce professeur d’Antibes n’est rien.

En revanche, je dis que ces textes sont des cancers à cause d’un seul élément: si leur auteur se présentait réellement pour ce qu’il est dans les faits – à savoir un chien de garde, travaillant à nous insulter quotidiennement et à nous mettre encore plus en danger, je n’aurais personnellement pas plus de griefs envers lui qu’envers presque tous les autres escrocs télévisuels qui ont construit toute leur carrière sur l’injure et l’écrasage de gueule des indigènes. Mais là, le monsieur tient à parler en tant que musulman ! C’est précisément ce que je ne lui pardonne pas: cette usurpation d’identité. Car comment qualifier un homme qui profite d’une situation où tout un système crache sur une religion, pour venir ajouter son petit crachat personnel au mollard général, mais en prétendant quand même que sa contribution à lui n’est pas vraiment blanche, qu’elle aurait quand même quelque chose à voir avec les gens qui reçoivent le mollard dans la gueule ? Un blanc qui se déguise en indigène! C’est la stratégie NPNS : « c’est pas Elisabeth Badinter qui le dit, c’est pas Caroline Fourest non plus, c’est des khorots ». Et la, c’est pas Rioufol, c’est pas Finkliekraut, c’est un converti. Peau blanche et masque noir.

Si à bien des égards il est fort heureux que l’islam n’ait pas l’équivalent d’un pape, je regrette tout de même qu’il n’existe pas d’autorité spirituelle susceptible de dénier à ce genre d’individus le droit de se revendiquer d’une si belle religion ! En attendant, la musulmane banlieusarde que je suis l’emmerde lui, ses textes, son université de Sophia Antipolis et ses étudiants qui ne lui lancent pas des gommes sur la tête. Et comme je ne veux pas tomber sous le coup d’une loi d’incitation à commettre un truc pas bien, je ne dirai pas que je souhaite qu’il chope une bonne angine – une de celles qui rendent aphone, qu’on soit débarrassé de sa voix insupportable et de son accent ridicule. Ou que son ordi attrape un bon virus, qu’il ne puisse plus rien commettre d’aussi affligeant – ce qui aurait le mérite de débarrasser le monde d’un peu d’abjection, de lâcheté, de servilité humaine et de pourriture. Le jour béni où tout cela se réalisera, je pousserai des youyous.

Lalla Fatma M’semer, membre du PIR

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